Au nom du piètre qui a l'essieu by Busino Jean-Jacques

Auteur:Busino, Jean-Jacques [Busino, Jean-Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Baleine
Publié: 1998-01-14T23:00:00+00:00

6

Brelonvin était pile à l’heure, dans la forêt, au lieu dit « Le pisse-vent ». Le Poulpe s’était transformé en pisse-vinaigre. Cheveux gominés et tirés vers l’arrière, veste de cuir noire et petites lunettes d’écaille, il avait tout de l’employé de banque militant d’un parti d’extrême droite ou de l’adjudant frustré qui passe ses insatisfactions sur les novices. Brelonvin apprécia la poignée de main et passa aux formalités d’usage, avec une voix de ganache obsolète.

— Je ne vous parle pas si je ne peux pas voir préalablement vos papiers et vous fouiller, simple précaution.

Après l’accomplissement de ces préliminaires, Brelonvin commença à parler de lui et de lui seulement.

— Je suis content de vous voir. Ce n’est pas la première fois que je tente de vous rencontrer. Je note en passant que les articles que j’ai envoyés à votre journal n’ont jamais été publiés.

— Je n’étais pas au courant. La direction vient de changer et l’équipe rédactionnelle a été remaniée. C’est le nouveau rédacteur en chef qui m’a demandé de venir vous interviewer. Il vous admire beaucoup et nous laisse carte blanche.

Brelonvin proposa de parler tout en marchant. Aussitôt il entama un long laïus sur le juste combat de la race blanche.

Le Poulpe connaissait ce genre de discours par cœur et retenait à peine le contenu de son bol alimentaire. Il tentait de se désénerver en se répétant mentalement que le vomi n’est pas compatible avec le maquillage d’emplumé frustré. Il sortit le bloc-notes de sa poche et fit mine d’écrire.

Brelonvin était lancé et partait dans les baratins bien connus sur la nécessité de guerroyer contre les races inférieures, contre les ennemis de l’Occident et du peuple aryen, contre la pourriture du monde démocratico-capitaliste.

— Il faut reprendre à nouveau le flambeau de la lutte. Le danger vient de toute part. Les journaux, fiefs des banquiers juifs, nous musellent et nous ignorent. Je suis content de vous rencontrer car ce que j’ai à dire est d’une grande importance. J’ai noté sur ce feuillet une liste de sujets que je tiens à voir figurer dans l’article. Je vous les ai mis par écrit : la forme est actuellement plus importante que le fond. À l’approche de l’an deux mille, les instances politiques des différents pays européens portent la lutte sur des nouveaux fronts. Leur volonté de concentrer tous les pouvoirs dans la même instance supérieure aux État-Nations est une imposition de la juiverie internationale. Toujours la même : elle veut tout maîtriser, disposer de tous les pouvoirs. La perte d’identité des Nations est le résultat d’un noyautage puissant pour donner la prééminence à une seule forme de pensée, pour assurer la suprématie de la pensée unique. Voyez-vous, en inculpant systématiquement les porteurs de vérité pour leurs déclarations publiques ou leurs écrits, les juges musellent la libre expression et la liberté de conscience. Les journalistes sont d’ailleurs les responsables premiers de cette décadence morale. Ils sont les sycophantes d’une justice vendue aux juifs et à la ploutocratie. La permissivité avec laquelle les émissions de télévision amènent les spectateurs niais vers la débauche la plus totale est révoltante.

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